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infirmiers lui avaient demandé si cela lui plaisait. Chvéïk répondit qu’on était beaucoup mieux ici qu’aux bains publics près du pont Charles et que, du reste, il aimait l’eau.

— Si vous me faisiez encore la manucure et les cors aux pieds, et si vous voulez bien me couper les cheveux, rien ne manquerait plus à mon bonheur, ajouta-t-il en souriant comme un bienheureux.

On acquiesça volontiers à son désir, puis, bien frotté au gant de crin, on l’enveloppa dans des draps de lit et on le porta au premier étage pour le coucher. On le couvrit soigneusement en le priant de s’endormir.

Chvéïk s’en souvient encore aujourd’hui avec attendrissement :

— Figurez-vous qu’ils m’ont porté, ce qu’on appelle porté, et moi, à ce moment-là, vous pensez si j’étais aux anges !

Il s’assoupit avec béatitude. À son réveil on lui servit une tasse de lait avec un petit pain. Le petit pain était coupé en toutes petites tranches et, tandis qu’un des infirmiers tenait Chvéïk par les mains, l’autre lui trempait son pain dans le lait et lui introduisait les morceaux dans la bouche, exactement comme à une oie qu’on gave. Ceci fait, les infirmiers le prirent dans leurs bras et le portèrent aux cabinets, en le priant de faire ses petits et ses gros besoins.

Cela aussi fut pour Chvéïk un moment historique, et il en parlait avec attendrissement. Je crois qu’il est inutile de reproduire textuellement les paroles par lesquelles il appréciait ce qu’on lui