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la saint Venceslas traînait tout le temps, nu et gigotant au cabanon. Il y avait là aussi un type qui criait tout le temps qu’il était archevêque, mais celui-là ne faisait que bouffer et, sauf votre respect, encore quelque chose, vous savez bien à quoi ça peut rimer, et tout ça sans se gêner. Il y en avait un autre qui se faisait passer pour saint Cyrille et saint Méthode à la fois, pour avoir droit à deux portions à chaque repas. Un autre monsieur prétendait être enceint, et il invitait tout le monde à venir au baptême. Parmi les gens enfermés il y avait beaucoup de joueurs d’échecs, des politiciens, des pêcheurs à la ligne et des scouts, des philatélistes, des photographes et des peintres. Un autre client s’y est fait mettre à cause de vieux pots qu’il voulait appeler urnes funéraires. Il y avait aussi un type qui ne quittait pas la camisole de force qu’on lui passait pour l’empêcher de calculer la fin du monde. J’y ai rencontré d’autre part plusieurs professeurs. L’un qui me suivait partout et m’expliquait que le berceau des tziganes se trouve dans les Monts des Géants, et un autre qui faisait tous ses efforts pour me persuader qu’à l’intérieur du globe terrestre il y en avait encore un autre, un peu plus petit que celui qui lui servait d’enveloppe. Tout le monde était libre de dire ce qu’il avait envie de dire, tout ce qui lui passait par la tête. On se serait cru au Parlement. Très souvent, on s’y racontait des contes de fées et on finissait par se battre quand une princesse avait tourné mal. Le fou le plus dangereux que j’y aie connu, c’était un type qui se faisait passer pour le volume XVI du « Dictionnaire Otto ». Celui-là priait ses copains de l’ouvrir et de chercher ce que le Dictionnaire