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parce qu’il voulait avoir la tête haute. Le matin, le sacristain l’a trouvé et l’a réveillé. Le tourneur n’y comprenait rien, et, quand il s’est reconnu, il a dit au sacristain qu’il avait dû se tromper, que c’était certainement une erreur. Vous entendez la réponse, hein ? « Une erreur ! » que le sacristain lui a dit. « Et nous autres, il va falloir qu’on consacre la chapelle une nouvelle fois ! Ben, mon cochon ! » Bien sûr qu’avec les médecins-légistes ce tourneur-là n’y a pas coupé. Ils lui auront prouvé qu’il « avait agi avec discernement » et qu’il « n’était pas en état d’ivresse complète » comme il le prétendait, à preuve qu’il avait facilement trouvé la serrure. Ce pauvre diable de tourneur est mort dans son cachot à Pankrac. Prenons, si vous voulez, encore un autre exemple. À Kladno, il y avait dans le temps un brigadier de gendarmerie qui élevait des chiens policiers et les exerçait en poursuivant de pauvres chemineaux, de sorte qu’à la fin des fins il n’y en avait plus un seul dans le pays. Mais, comme le brigadier en avait besoin pour ses expériences, il a ordonné une fois de lui amener à tout prix un individu aux allures louches. Là-dessus, on lui amène un homme assez bien vêtu qu’on avait trouvé se reposant sur un tronc d’arbre dans le bois de Lany. Le brigadier lui a fait couper un morceau de son paletot, l’a fait flairer par ses chiens policiers de gendarmerie, et, enfin, on l’a conduit dans une tuilerie où on a lâché les chiens à ses trousses. Comme de juste, l’homme a été rattrapé, et on l’a forcé à monter sur une échelle, à sauter un mur, à se jeter dans un étang, avec les chiens toujours sur ses talons. Finalement, on a découvert que c’était un député radical tchèque