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ai un abus de confiance sur le dos, et ils ne peuvent rien me faire. Mon avocat m’a dit justement hier que je pouvais être tranquille et qu’une fois déclaré faible d’esprit j’en avais pour toute ma vie.

— Oh ! là, là ! je n’y crois rien du tout, à vos médecins-légistes, remarqua un autre homme qui avait l’air intelligent. Une fois j’ai essayé de faire un petit faux, une traite de rien du tout, et, pour parer à toute éventualité d’arrestation, j’ai suivi le cours du professeur Heveroch sur les maladies mentales. Eh ! bien, quand on m’a arrêté, je n’ai pas manqué de profiter des leçons de M. Heveroch et j’ai simulé la paralysie avec tous les symptômes qu’il prévoyait. Devant la commission, j’ai mordu un médecin-légiste à la jambe, j’ai bu tout le contenu de l’encrier, et sauf votre respect, Messieurs, j’ai ôté ma culotte et j’ai chié dans un coin. Tout allait bien, mais, parce que j’avais amoché le mollet de ce type-là, ils ont reconnu que je jouissais de toutes mes facultés, et j’étais perdu.

— À moi, ils ne me font pas peur, ces messieurs, déclara Chvéïk. Quand je faisais mon service militaire, il a fallu que je me présente devant le vétérinaire, et tout a bien marché.

— Les médecins-légistes, proclama un petit bout d’homme, c’est des charognes. Il y a quelque temps, on a trouvé en creusant la prairie qui est ma propriété, un squelette, et les médecins-légistes ont déclaré que l’individu à qui ce squelette appartenait a été tué, il y a quarante ans, à l’aide d’un objet contondant. Moi, messieurs, j’ai trente-huit ans, et je suis accusé d’assassinat de ce fichu squelette, quoique j’aie mon extrait de