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— Alors, c’est vous Monsieur Chvéïk ?

— Je le crois bien, répondit Chvéïk, et il n’doit pas y avoir erreur, parce que mon père était bien Monsieur Chvéïk et, ma mère, Mme Chvéïk. Je ne peux pourtant pas leur faire l’affront de renier mon nom.

Un doux sourire effleura le visage du conseiller à la Cour, chargé de l’instruction.

— Mais vous en avez de belles, vous ! Vous devez avoir la conscience bien chargée ?

— En effet, honoré M’sieur, elle est bien chargée, ma conscience, dit Chvéïk en souriant encore plus aimablement que le juge ; sans offense, il est bien possible qu’elle pèse encore plus lourd que la vôtre.

— Je m’en aperçois rien qu’à jeter un coup d’œil sur le rapport que vous avez signé, répliqua le juge d’un ton non moins aimable ; voyons, n’y a-t-il eu aucune pression de la part de ces messieurs de la Police ?

— Mais non, honoré M’sieur. Moi-même, je leur ai demandé si je devais signer le rapport et, quand ils m’ont dit oui, j’ai obéi à leur conseil. Vous ne voudriez pas que je me dispute avec eux à cause de ma malheureuse signature, n’est-ce pas ? Ça ne m’avancerait à rien du tout. Il faut de l’ordre en tout.

— Vous sentez-vous tout à fait bien portant, monsieur Chvéïk ?

— Pas tout à fait, ça, non, honoré M’sieur le Conseiller. Pour le moment, j’ai des rhumatismes et je me frictionne avec du baume d’opodeldoch.

Le vieux monsieur eut de nouveau un sourire aimable :

— Si on vous faisait examiner par les médecins-légistes ?