Page:Hasek-Le brave soldat chveik,1948.djvu/309

Cette page n’a pas encore été corrigée

en train de former des bataillons de marche. Pas la peine de remercier. L’armée a besoin d’officiers qui…

— C’est l’heure de passer au rapport, ajouta-t-il en consultant sa montre. Onze heures et demie…

Il salua en signe que l’agréable conversation était terminée.

Tête basse, mais respirant à pleins poumons, le lieutenant Lucas se dirigea vers l’école des volontaires d’un an où il annonça qu’il partait prochainement pour le front et qu’il offrait aux candidats un lunch d’adieu dans la salle du restaurant de Nekazanka.

Rentré, il alerta Chvéïk.

— Vous savez ce que c’est qu’un bataillon de marche, Chvéïk ?

— Je vous déclare avec obéissance, mon lieutenant, qu’un bataillon de marche est un batmarche et une compagnie de marche, une compmarche, nous autres, on raccourcit les mots.

— Je vous annonce alors, Chvéïk, dit le lieutenant d’un ton solennel, que dans très peu de temps, vous ferez partie de ma compmarche, puisque vous aimez les abréviations dans ce genre-là. Mais ne vous imaginez pas qu’au front, vous pourrez faire des bêtises comme ici. Êtes-vous content ?

— Je vous déclare avec obéissance, mon lieutenant, que je suis excessivement content, répondit le brave soldat Chvéïk ; ce sera quelque chose de magnifique quand nous tomberons ensemble sur le champ de bataille pour Sa Majesté l’Empereur et son auguste famille impériale et royale…