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récompenses. Il volait au hasard des chiens de bonne famille et recherchait ensuite leurs propriétaires dans les annonces. Une fois, il avait volé un loulou de Poméranie, mais pas moyen de retrouver le propriétaire. Il a mis alors une annonce à son tour. Il en a mis une deuxième, une troisième, tant qu’il lui en a coûté dix couronnes, et il en a été quitte pour son argent. À la fin, arriva une lettre du propriétaire de l’animal, disant qu’il s’agissait bien de son chien, mais qu’il ne s’en était plus occupé, parce qu’il croyait que toutes les recherches seraient inutiles. Il ne croyait pas qu’il existait encore des gens honnêtes, mais qu’il changeait d’avis maintenant qu’on allait lui rendre son loulou. Il disait aussi dans sa lettre que, par principe, il n’était pas partisan de récompenser l’honnêteté, mais qu’il était disposé à faire hommage à Bogetiech d’un livre écrit par lui sur « La culture des plantes vertes dans les appartements et les jardinets de villas ». Là-dessus Bogetiech a empoigné le loulou par les pattes de derrière et a astiqué avec lui la tête du monsieur, en jurant qu’on ne le prendrait plus à mettre des annonces, il aimerait mieux vendre les chiens trouvés à des chenils.

— Allez vous coucher, Chvéïk, ordonna le lieutenant, vous êtes capable de m’abrutir avec vos histoires jusqu’à demain matin.

Il se mit au lit lui aussi et toute la nuit, il rêva de Chvéïk. Il rêva que Chvéïk lui amenait un cheval qu’il avait volé à l’héritier du trône, de sorte que celui-ci reconnaissait sa monture au milieu d’une revue, au moment où le malheureux Lucas chevauchait à la tête de sa compagnie.