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— Est-ce que vous saviez que c’était un chien volé ?

— Je vous déclare avec obéissance, mon lieutenant, que je savais que c’était un chien volé.

— Chvéïk, bon Dieu de bon Dieu, je ne sais pas ce qui me retient de prendre mon revolver, triple abruti, andouille, âne bâté, espèce de fumier ! Est-ce que vous êtes réellement si idiot que ça ?

— Je vous déclare avec obéissance, mon lieutenant, que je suis réellement si idiot que ça.

— Pourquoi m’avez-vous amené un chien volé, pourquoi avez-vous installé chez moi cette sale bête ?

— Pour vous faire plaisir, mon lieutenant.

Et les yeux innocents et candides caressaient de nouveau le visage du lieutenant qui se laissa retomber sur la chaise en gémissant :

— Qu’ai-je fait pour que le bon Dieu me punisse en me donnant un imbécile pareil ?

Résigné, le lieutenant restait assis sur la chaise, sentant la force lui faire défaut pour gifler Chvéïk et même pour rouler une cigarette. Absolument à bout de ressources, il envoya Chvéïk acheter la Bohemia et le Prager Tagblatt pour lui mettre sous le nez les annonces du colonel.

Chvéïk revint en tenant le journal ouvert à la page d’annonces. Il déclara en rayonnant de plaisir :

— C’est bien là-dedans, mon lieutenant. C’est épatant comme le colonel décrit son griffon, et il offre cent couronnes à qui le lui rapportera. C’est une belle récompense. D’habitude, on ne donne que cinquante couronnes. Un certain Bogetiech de Kosire gagnait sa vie rien qu’avec les