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extraordinaire ne s’était passé et que tout ce qui avait pu se passer était d’ailleurs pour le mieux, car il faut tout de même bien qu’il se passe quelque chose de temps en temps.

Le lieutenant Lucas sauta sur ses pieds. Il ne toucha pas son ordonnance, mais agita un poing devant son nez et éclata :

— Chvéïk, vous êtes un voleur de chien !

— Je vous déclare avec obéissance, mon lieutenant, qu’aucune affaire de ce genre-là ne m’est arrivée dans les derniers temps. Je me permets également de vous faire remarquer, mon lieutenant, que je n’ai pas pu voler Max, puisque vous êtes sorti avec lui cet après-midi. Je me suis bien dit qu’il avait dû arriver quelque chose au chien, quand je vous ai vu, tout à l’heure, rentrer sans lui. C’est ce qu’on appelle une complication. Dans la rue Spalena, il y a un corroyeur qui s’appelle Kounèche. Ce type-là n’a jamais pu faire une promenade avec un chien sans le perdre. Ou bien il l’oubliait dans une taverne, ou bien on le lui empruntait sans le rendre, ou bien il était volé…

— Chvéïk, espèce de bourrique, fermez ça, nom de Dieu. Vous êtes un rusé gredin qui la fait à l’idiot, ou un chameau, un dodo ! Vous avez toujours des exemples en réserve pour toute chose, mais avec moi, ça ne prendra plus, vous m’entendez ! D’où avez-vous amené ce chien ? Comment l’avez-vous eu ? C’est le chien de notre colonel qui me l’a repris en plein centre de Prague. Je vous dis que c’est un scandale épouvantable ! Avouez la vérité, est-ce que vous l’avez volé, oui ou non ?

— Je vous déclare avec obéissance, mon lieutenant, que je ne l’ai pas volé.