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jour sans vider ainsi leurs fosses d’aisances en l’air.

Il n’aurait pas manqué de dire encore quelque chose d’intéressant et d’instructif, si le retour du lieutenant ne les avait brusquement interrompus.

Écrasant Chvéïk d’un coup d’œil furieux, il signa les documents d’un trait de plume et congédia leur porteur. Puis, il intima à Chvéïk de le suivre dans la chambre.

Les yeux du lieutenant jetaient des éclairs effroyables. Tombé sur une chaise, il tenait son regard braqué sur Chvéïk, en se demandant par où commencer le massacre.

— Je vais d’abord lui flanquer une paire de gifles, puis je lui démolirai le nez et lui arracherai les oreilles, pour le reste on verra.

Tandis qu’il se préparait à exécuter son projet, le regard innocent et candide de Chvéïk se posait sur lui, tout pénétré de bonté et de franchise…

Chvéïk interrompit ce calme gros de tempête :

— Je vous annonce avec obéissance, mon lieutenant, que vous voilà privé de votre chat. Il a boulotte la crème pour les chaussures et s’est permis de crever. J’ai jeté son cadavre non dans notre cave, mais dans celle du voisin. Vous trouverez difficilement un angora joli et bien élevé comme cette bête-là.

— Qu’est-ce que je vais bien faire de lui ? se demanda de nouveau le lieutenant. Quelle figure d’imbécile, bon Dieu !

Les yeux innocents et candides de Chvéïk ne désarmaient pas de leur douceur et de leur tendresse et reflétaient la sérénité de l’homme qui estimait que tout était pour le mieux, que rien d’