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lanières, ce serait trop indulgent. Quel voyou, bon Dieu !

Sans plus se soucier de son rendez-vous, il monta dans le tramway pour retourner chez lui.

— Je te tuerai, animal, jura-t-il.


Pendant ce temps-là, le brave soldat était plongé dans une discussion enflammée avec une ordonnance venue de la caserne pour faire signer au lieutenant quelques documents et qui attendait son retour.

Chvéïk régalait son collègue de café, et ils cherchaient à se persuader mutuellement que « l’Autriche serait bientôt foutue, elle et sa guerre. »

Ils étaient, du reste, complètement d’accord et la défaite pour eux allait de soi. Les avis qu’ils émettaient constituaient toute une série d’opinions très nettes où le procureur n’aurait pas hésité à voir des crimes, dont le plus bénin la haute trahison. Et la moindre peine qu’il aurait requise pour eux eût été la pendaison.

— L’empereur doit en être devenu totalement idiot, déclarait Chvéïk, il n’a jamais inventé la poudre, mais cette guerre-là va l’achever.

— Tu parles s’il est idiot, soutint l’autre, idiot comme une souche, mon vieux, tu n’en as aucune idée. Probable qu’il ne sait même pas qu’il y a une guerre. Tu comprends, ils ont honte de le lui dire. Ah ! quelle belle blague, sa signature de la proclamation aux nations d’Autriche-Hongrie ! Tu peux être certain qu’on l’a imprimée sans la lui faire voir. Il a la tête fatiguée, le vieux.