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— Dans son geste de salut, le soldat doit mettre toute son âme, proclamait-il avec un mysticisme de caporal.

Il se faisait un devoir d’obliger ses inférieurs à le saluer rigoureusement, selon les plus petits détails du règlement, avec correction et dignité.

Il épiait tous les soldats au passage, depuis le simple fantassin jusqu’au lieutenant-colonel. Pauvres fantassins qui se bornaient à toucher négligemment le bord de leur képi comme s’ils voulaient dire : « Salut, toi ! » Ceux-là se voyaient arrêtés en pleine rue par le colonel Kraus qui les conduisait lui-même à la caserne, pour leur infliger une punition.

Dans aucun cas il n’acceptait l’excuse balbutiée : « Je ne vous ai pas vu, mon colonel.

— Le soldat, disait-il encore, doit chercher des yeux son supérieur dans la foule la plus pressée et penser constamment à la meilleure manière de remplir tous ses devoirs qui lui sont prescrits par le règlement de service. Quand il lui arrive de tomber sur le champ de bataille, il doit, en mourant, faire le salut militaire. Le soldat qui ne sait pas saluer, qui feint de ne pas voir son supérieur, ou qui salue par-dessous la jambe, à mon avis, celui-là n’est pas un soldat, mais un sauvage.

— Les inférieurs, lieutenant, dit-il d’une voix tonnante, doivent saluer leurs supérieurs. C’est une prescription qui n’est pas encore supprimée que je sache. Second point : Depuis quand les officiers ont-ils l’habitude d’aller à la promenade avec des chiens volés ? Oui, avec des chiens volés. Un chien qui appartient à une personne étrangère est un chien volé.