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coin de la rue Panska. Il marchait en pensant à ses occupations du lendemain. Quoi raconter demain, à son cours, aux candidats du volontariat d’un an ? Comment indique-t-on la hauteur d’une colline ? Pourquoi l’indique-t-on en partant du niveau de la mer ? Comment, en prenant la hauteur d’une montagne, mesurée d’après le niveau de la mer, calcule-t-on la hauteur réelle de cette montagne, du bas au sommet ? Et pourquoi, bon Dieu, le ministère de la Guerre tient-il tant à mettre des choses pareilles au programme des cours pour l’infanterie, puisqu’elles intéressent plutôt l’artillerie ? De plus, il existe des cartes d’état-major. Quand l’ennemi occupe par exemple la cote 312, à quoi ça sert-il de savoir de combien cette cote domine le niveau de la mer et à quoi bon calculer sa hauteur réelle ? Il suffit de consulter la carte.

Juste au moment où il approchait du coin de la rue Panska, il fut dérangé dans ses pensées par un halt ! rauque et tranchant.

En même temps que retentissait ce halt, le chien qui essayait de s’arracher de sa corde, se jeta en aboyant joyeusement vers le personnage qui l’avait poussé.

Ce n’était autre que le colonel Kraus von Zillergut, que le lieutenant Lucas salua en s’excusant de ne pas l’avoir vu.

Le colonel Kraus était connu de tous les officiers pour sa manie de rappeler à l’ordre les militaires négligents.

Il considérait le salut militaire comme une chose dont dépendait la victoire de la guerre et sur laquelle reposait toute la force de l’armée.