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— Je suis de Vodnany.

— On est des pays, répondit Chvéïk, je suis presque du même patelin, je suis de Protivine.

Les connaissances que Chvéïk possédait sur la topographie de la Bohême du sud – connaissances acquises par hasard lors des manœuvres auxquelles il avait participé au temps de son service militaire à Boudéïovice – réjouirent le cœur de la servante.

— Alors vous connaissez, dit-elle, à Protivine, le boucher Peychar qui a sa boutique sur la place ?

— Bien sûr, c’est même mon frère. Tout le monde l’aime chez nous, vous savez, insista Chvéïk, parce qu’il est très gentil, très poli ; il a de la bonne marchandise et vend bon poids.

— Écoutez, est-ce que vous n’êtes pas le fils de Yarèche, demanda la servante se prenant de sympathie pour ce soldat inconnu.

— Si.

— Et de quel Yarèche, celui de Protivine ou celui de Ragice ?

— Celui de Ragice.

— Est-ce qu’il vend encore de la bière en bouteilles ?

— Mais oui.

— Il doit avoir soixante ans bien sonnés, hein ?

— Cette année, au printemps, il a eu soixante-huit ans passés, répondit Chvéïk avec une calme assurance. Il continue à livrer ses bouteilles avec une petite voiture, mais il vient d’acheter un chien qui lui sert bien dans son commerce. Le chien ne quitte pas la voiture, et ils sont bien contents tous les deux. C’est un chien tout juste comme