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d’avoir changé de maîtres le poursuivissent dans la rue. Pour se venger, ils se frottaient contre lui et traitaient son pantalon comme une borne.

Le lendemain de la conversation secrète des deux hommes, on put voir Chvéïk se promener au coin de la place Havlicek, à l’endroit indiqué par son camarade. Il attendait la servante au griffon d’écurie.

Ce fut le chien qui apparut le premier ; il passa, la moustache et le poil en bataille, le regard éveillé. Il était gai comme tous les chiens qui jouissent d’un moment de liberté après avoir fait leurs petits besoins. Il s’amusait à troubler des moineaux qui se préparaient à déguster leur petit déjeuner de fiente de cheval.

Puis, Chvéïk vit venir la servante. C’était une fille d’un certain âge, dont les cheveux formaient une chaste couronne autour de sa tête. Elle sifflait pour rappeler le chien. Elle faisait tourner en l’air la chaîne du chien et une élégante petite cravache.

Chvéïk lui adressa la parole.

— Pourriez-vous me dire, mademoiselle, par où on va à Zizkov, s’il vous plaît ?

La servante s’arrêta et l’examina curieusement pour voir s’il ne se moquait pas d’elle. Mais, vite rassurée par le regard loyal de Chvéïk, elle ne douta plus que le petit soldat n’eût demandé son chemin pour de bon. Ses yeux s’adoucirent, et elle expliqua à Chvéïk avec empressement la direction qu’il avait à prendre.

— Je viens d’être transféré à Prague avec mon régiment, dit Chvéïk, je ne suis pas d’ici, je suis de la campagne, moi. Et vous, vous n’êtes pas non plus de Prague, n’est-ce pas ?