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et j’ai appris qu’il y avait moyen d’en faire un aux environs de la Klamovka. C’était encore une fine gueule qui ne voulait pas de saucisse. Je me suis esquinté les pattes après lui pendant trois jours. À la fin, j’ai demandé carrément à la bonne femme qui se baladait avec le clebs, ce qu’il mangeait pour être si bath. La bourgeoise flattée m’a confié qu’il aimait surtout les côtelettes de porc. Moi, n’est-ce pas, je me suis dit qu’il aimerait encore mieux quelque chose de plus tendre, et je lui ai acheté une escalope de veau. Eh bien ! mon vieux, c’est comme je te le dis, ce salaud-là n’y a pas touché. Il a fallu que j’achète une côtelette et alors, il s’est décidé. Je me suis sauvé, le chien sur mes talons. La vieille hurlait comme si on lui coupait la tête, mais il ne voulait rien savoir, il ne voyait que la côtelette. Le lendemain, il était déjà au chenil de Klamovka, je lui ai fait un brin de toilette et après trois coups de pinceau sur le museau, il était à ne plus reconnaître. Avec tous les autres clebs, la saucisse de cheval m’a toujours bien réussi. Je crois que tu ferais bien de t’informer d’abord auprès de la boniche. Tu es soldat et beau garçon, elle ne pensera pas à se méfier. Moi, il n’y a rien eu à faire. Quand je lui ai demandé ce que le clebs bouffait, elle m’a dit : « Ça ne vous regarde pas ! » Et elle m’a jeté un coup d’œil comme un poignard. Elle n’est pas très jolie ; pour jeune, elle le paraît plutôt, et avec toi, ça ira certainement.

— Écoute voir, c’est bien un griffon d’écurie ? Je voudrais ne pas faire de gaffe, parce que le lieutenant ne veut que cette race-là.

— Je te dis que c’est un chien épatant, tout à fait ton