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jambes, couche ses oreilles en arrière et galope dans l’inconnu.

S’il pouvait parler, il crierait certainement :

— Jésus-Maria, je sens qu’on va me voler !

Êtes-vous allé quelquefois visiter un chenil et y avez-vous vu de ces chiens en peine ? Ce sont tous des chiens volés. Dans toutes les grandes villes il y a des gens qui font du vol des chiens leur unique métier. Il existe une race de chiens nains, des amours de ratiers qui tiennent facilement dans un manchon ou une poche de pardessus, mais cet abri que l’on croirait inexpugnable, ne défend pas ces pauvres petits des voleurs. Les dogues allemands tachetés qui gardent les villas de la banlieue se volent la nuit. Un chien policier sera volé d’habitude à la barbe des détectives. Vous vous promenez avec votre toutou en laisse ; tout d’un coup, celle-ci est coupée et vous contemplez avec abrutissement la laisse veuve de son chien. Sur le nombre total des chiens que vous rencontrez dans la rue il y en a 50 % qui ont changé plusieurs fois de maître, et il peut arriver à quelqu’un de racheter son propre chien volé quelques années auparavant, si petit qu’ensuite vous ne le reconnaissez plus. Le moment le plus dangereux est celui où vous sortez l’animal pour ses petits et ses grands besoins ; les grands surtout sont périlleux. Voilà pourquoi le chien surpris à cette occupation est toujours plein de méfiance et jette autour de lui des regards craintifs.

Il existe encore bien d’autres procédés pour chiper les chiens : le vol pur et simple, le vol à l’esbroufe et le moyen qui consiste à attirer la pauvre bête dans un guet-apens. Le chien est un animal