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« Très honoré monsieur,

« Je vous prierais de bien vouloir exprimer à madame votre épouse mes plus sincères remerciements pour les quatre cents couronnes dont elle a bien voulu récompenser les faibles services que j’ai pu lui rendre lors de son séjour à Prague. Mais comme tout ce que j’ai fait pour elle a été fait de bon cœur, il m’est impossible d’accepter cette somme et je vous la…

— Eh bien ! écrivez donc, Chvéïk, qu’est-ce que vous avez ? Nous disons ?

— « … et je vous la… » répéta Chvéïk d’une voix tremblante et sombre.

« … et je vous la renvoie donc, très honoré monsieur, en y joignant l’expression de ma plus profonde considération. Baisez pour moi la main de madame votre épouse.

Joseph Chvéïk, ordonnance du lieutenant Lucas. »

— C’est tout, fit le lieutenant.

— Je vous déclare avec obéissance qu’il manque encore la date.

— Mettez : « Prague, le 20 décembre 1914. » Maintenant prenez cette enveloppe, écrivez l’adresse que voici et allez porter la lettre et l’argent à la poste.

Et le lieutenant se mit à siffler un air de l’opérette La Divorcée.

— Attendez un peu, Chvéïk, demanda-t-il comme l’autre s’en allait, avez-vous des nouvelles de notre griffon ?

— J’en ai déniché un, mon lieutenant, une bête superbe. Mais il sera très difficile de l’avoir. Peut-