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onzième de ligne à Boudéïovice et je le rejoindrai dès que j’aurai fini mon cours à l’École des volontaires d’un an. Nous avons un grand besoin d’officiers de réserve et nous constatons avec peine que peu de jeunes gens aujourd’hui se prévalent de leur droit au volontariat d’un an. Appelés sous les drapeaux, ils préfèrent faire leur service comme simples fantassins qu’acquérir l’honneur d’être officiers.

— Le commerce du houblon a énormément souffert du fait de la guerre, mais je crois qu’elle ne durera plus longtemps, dit le marchand en considérant tour à tour sa femme et le lieutenant.

— La situation de nos armées est très bonne, répondit le lieutenant Lucas ; personne ne doute aujourd’hui que la guerre ne doive finir par la victoire des Puissances centrales. La France, la Grande-Bretagne et la Russie ne pourront tenir contre le bloc de granit austro-turco-allemand. Il est vrai que nous avons essuyé quelques insuccès locaux. Mais aussitôt que nous aurons brisé le front russe entre les Carpathes et le Dunajetz moyen, la fin des hostilités sera assurée à bref délai. Les Français sont sur le point de perdre tout leur Est et les armées allemandes entreront bientôt dans Paris. Il n’y a aucun doute. En dehors de ça, nos opérations en Serbie continuent à se développer à notre grande satisfaction : on s’explique généralement mal le repliement de nos régiments, qui n’est en somme qu’un changement de position, fruit d’une habile stratégie. Du reste, nous en verrons bientôt la preuve. Veuillez suivre sur cette carte…

Le lieutenant Lucas prit doucement le marchand de houblon par le bras et le conduisit devant