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mari qui s’est empressé d’accourir et de les gifler tous les deux. C’étaient deux civils, mais, dans les mêmes conditions, on n’osera rien faire à un officier. Du reste, vous n’êtes absolument responsable de rien, puisque vous n’avez invité personne et que cette dame est partie de son propre mouvement. Vous verrez qu’un télégramme comme ça aura un effet merveilleux. Et s’il y a des voies de fait…

— C’est un homme très instruit, observa le lieutenant Lucas ; je le connais bien, c’est un négociant de houblon en gros, évidemment il faut que je lui parle… Envoyons le télégramme.

Celui-ci était rédigé en ces termes : « L’adresse actuelle de votre épouse est… », et il indiquait le logis du lieutenant.

C’est ainsi que Mme Katy eut un beau jour la désagréable surprise de voir entrer en coup de vent le marchand de houblon. Pendant que Mme Katy, conservant toute sa présence d’esprit, faisait les présentations : « Mon mari – le lieutenant Lucas », le visage du nouveau venu exprimait la bonne humeur et un empressement respectueux.

Le lieutenant ne voulut pas être en reste de politesse en disant :

— Veuillez vous asseoir, Monsieur Wendler.

Et tirant de sa poche un étui à cigarettes, il lui en offrit une.

Le distingué négociant en houblon prit correctement une cigarette et, bientôt entouré d’un nuage de fumée, dit posément :

— Comptez-vous aller au front sous peu, mon lieutenant ?

— J’ai demandé à être transféré au quatre-vingt-