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la visiteuse sentit faiblir son énergie organisatrice.

Elle prit alors de la literie fraîche dans la commode et garnit amoureusement les oreillers et l’édredon. Elle apportait à cette occupation mille tendres soins et, en se penchant sur le lit, ses narines palpitaient de convoitise.

Ensuite, elle envoya Chvéïk chercher le déjeuner et le vin. Pendant son absence, elle passa un peignoir de soie transparente qui la rendait irrésistiblement séduisante.

Au déjeuner elle but toute une bouteille de vin et fuma quantité de cigarettes. Le repas fini, elle s’allongea sur le lit, tandis que Chvéïk savourait avec délice un quignon de pain de régiment, trempé dans un verre de liqueur sucrée.

Tout à coup il entendit qu’elle l’appelait.

— Chvéïk ! Chvéïk !

Chvéïk ouvrit la porte de la chambre à coucher et aperçut la jeune femme étendue sur le lit dans une attitude languissante.

— Entrez !

Chvéïk s’approcha du lit. Son occupante mesurait du regard, avec un singulier sourire, les épaules trapues et les fortes cuisses de l’ordonnance.

Rejetant l’aérien tissu qui voilait et protégeait ses charmes, elle commanda d’un ton sévère :

— Ôtez vos souliers et votre pantalon ! Venez…

C’est ainsi que le brave soldat Chvéïk put annoncer au lieutenant, à son retour de la caserne :

— Je vous déclare avec obéissance, mon lieutenant, que selon votre ordre, j’ai servi exactement madame et que j’ai satisfait tous ses désirs.