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— Selon l’ordre de mon lieutenant, madame, je dois me comporter envers vous avec tact et respect, satisfaire tous vos désirs et faire tout ce que vous voudrez, sans même que vous ayez besoin de me le demander. Je dois vous donner à manger et ainsi de suite. Le lieutenant m’a remis cent couronnes pour cela, mais sur ces cent couronnes, il faut que j’achète trois bouteilles de vin et une boîte de Memphis.

Après avoir parcouru la lettre, la jeune femme qui avait retrouvé sa décision, ordonna à Chvéïk de héler un fiacre et de retourner avec elle à la maison. Chvéïk dut se mettre à côté du cocher.

Arrivée, elle entra tout à fait dans le rôle de la maîtresse de maison. Elle commença par faire porter ses malles dans la chambre à coucher. Chvéïk dut battre les tapis et enlever la poussière ; une petite toile d’araignée excita la fureur de la ménagère.

Toute cette activité trahissait bien son intention de « se retrancher » pour longtemps dans la position stratégique que lui offrait la chambre à coucher du lieutenant.

Chvéïk suait sang et eau. Quand il eut fini de battre les tapis, elle lui enjoignit d’enlever les rideaux pour les épousseter et ensuite de laver les fenêtres de la chambre à coucher. Quand cela fut fait, elle lui commanda de changer les meubles de place, ce qui lui permit de donner libre cours à ses nerfs. Chvéïk poussait les meubles d’un endroit à l’autre, sans qu’elle fût jamais contente. Elle inventait à chaque instant un arrangement nouveau.

Bientôt l’appartement fut sens dessus dessous, et