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avoir réfléchi pendant huit jours, car elle devait un mois plus tard se marier avec un ingénieur, avait enfin promis au lieutenant de couronner sa flamme.

Le lieutenant restait assis tête basse, plongé dans un silence méditatif ; mais ne s’avisant de rien, il finit par s’asseoir à la table et écrire sur une feuille de papier ministre :

« Chère Katy, je suis de service jusqu’à neuf heures du soir, je reviendrai à dix. Je te prie de considérer mon appartement comme le tien. Quant à Chvéïk, mon ordonnance, je lui ai donné l’ordre de t’obéir en tout.

Ton Henri. »

— Vous donnerez, dit le lieutenant, cette lettre à la dame. Je vous commande de vous comporter envers elle avec tact et respect, et de satisfaire tous ses désirs qui doivent être des ordres pour vous. Je veux que vous vous conduisiez avec galanterie et que vous la serviez exactement. Voici cent couronnes dont vous me ferez le compte. Elle vous enverra probablement chercher quelque chose ; en tout cas il faut la faire déjeuner, dîner et ainsi de suite. Achetez aussi trois bouteilles de vin et une boîte de cigarettes Memphis. C’est tout pour le moment. Vous pouvez aller, mais je vous recommande encore une fois de faire tout ce qu’elle voudra, sans même qu’elle ait besoin de vous le demander.

La jeune femme qui avait déjà perdu tout espoir de revoir Chvéïk, eut la surprise de le voir sortir de la caserne et se diriger vers elle, une lettre à la main.

Chvéïk salua, lui tendit la lettre et déclara :