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ferma la porte et se mit à faire les cent pas. Enfin, il s’arrêta devant Chvéïk et dit :

— Cette dame m’écrit que vous êtes une sale bête. Qu’est-ce que vous avez pu lui faire, dites ?

— Je vous déclare avec obéissance, mon lieutenant, que je ne lui ai pas fait de mal ; au contraire. J’ai été tout à fait comme il faut. C’est plutôt elle…, elle a voulu emménager chez nous. Comme vous ne m’aviez donné aucun ordre, je l’ai empêchée d’entrer dans notre appartement. Figurez-vous, mon lieutenant, qu’elle s’est amenée avec deux grosses malles, comme pour une installation.

Le lieutenant souffla encore avec agacement, et Chvéïk imita son maître.

— Quoi ? s’écria tout à coup le lieutenant percevant seulement alors la remarque au sujet des deux malles.

— Je vous déclare avec obéissance, mon lieutenant, que ce sera une dure affaire. Il y a deux ans, dans la rue Vojtesskà, une jeune fille s’est installée chez un tapissier de ma connaissance ; il n’arrivait pas à l’avoir dehors et a dû, pour la faire sortir, s’asphyxier tous les deux au gaz. Avec les femmes on a du chiendent. Ce que je les connais !

— Une dure affaire, répéta le lieutenant ; et il ne croyait pas si bien dire. La situation du cher Henri n’était pas vraiment réjouissante. Une dame, poursuivie par son mari, voulait absolument habiter chez lui au moment même où il se préparait à recevoir Mme  Micka de Trebon, qui le comblait régulièrement de ses faveurs deux jours par trimestre, quand elle venait à Prague pour faire ses achats. Le surlendemain il attendait aussi une nouvelle amie. Cette vierge forte, après