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vous, disait-il. S’il s’agit d’élever une verticale sur une horizontale, il faut la dessiner de sorte qu’elle forme angle droit avec l’horizontale. Comprenez-vous ? C’est seulement comme ça que vous arriverez à avoir à peu près juste la ligne de votre tranchée-là, et à rester à six mètres de l’ennemi. Mais telle que vous l’aviez dessinée, vous auriez enfoncé notre position dans celle de l’ennemi et votre tranchée monterait verticalement au-dessus de la tranchée ennemie, tandis que ce qu’il vous faut, c’est un angle obtus. C’est pourtant bien simple, n’est-ce pas ?

Le sous-lieutenant de réserve, employé de banque dans le civil, contemplait avec désespoir le plan auquel il ne comprenait absolument rien, et soupira de soulagement lorsque Chvéïk entra et se mit en position militaire devant le lieutenant.

— Je vous déclare avec obéissance, mon lieutenant, qu’il y a en bas une dame qui vous envoie cette lettre et attend la réponse, dit Chvéïk. Et il cligna familièrement de l’œil.

Le contenu de la lettre ne sembla point ravir le lieutenant. Il lut :

Lieber Heinrich ! Mein Mann verfolgt mich. Ich muss unbedingt bei Dir ein paar Tage gastieren. Dein Bursch ist ein grosses Mistvieh. Ich bin ungluecklich. Deine Katy.[1]

Le lieutenant Lucas souffla bruyamment, fit entrer Chvéïk dans une pièce vide à côté du bureau,

  1. Mon cher Henri, mon mari me persécute. Il faut absolument que tu me reçoives pour quelques jours. Ton ordonnance est une sale bête. Je suis bien malheureuse. Ta Katy. (Note du Traducteur.)