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Désespérée, la jeune femme sortit de l’appartement, Chvéïk ferma la porte à double tour et descendit l’escalier. L’inconnue le suivait comme un petit chien et ne put le rejoindre qu’au moment où Chvéïk sortait du bureau de tabac.

Elle marchait maintenant à côté de lui et s’efforçait de lier conversation avec lui.

— Vous remettrez bien ma carte sans faute ?

— Puisque je vous l’ai dit.

— Et vous êtes sûr de trouver le lieutenant ?

— Je n’en sais rien.

Ces paroles furent suivies d’un long silence. C’était encore l’infortunée visiteuse qui essayait de faire parler l’ordonnance trop scrupuleuse :

— Ainsi vous croyez que vous ne trouverez pas le lieutenant.

— Je ne dis pas ça.

— Et où pensez-vous le trouver ?

— Ça, je n’en sais rien.

De nouveau, le silence régna. Enfin, la jeune femme hasarda encore une question :

— Vous n’avez pas perdu ma lettre ?

— Pas pour le moment.

— Vous allez la remettre au lieutenant ?

— Oui.

— Et vous êtes sûr de le trouver ?

— Puisque je vous ai dit que je n’en savais rien. C’est étonnant comme il y a des gens curieux, ils vous demandent cinquante fois la même chose. C’est comme si je m’amusais à arrêter un passant après l’autre dans la rue pour lui demander quel jour du mois on est.

Toutes les ressources de la conversation étant ainsi épuisées, ils marchèrent sans s’occuper l’un de l’autre, jusqu’à la caserne. Devant la porte, Chvéïk