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Chvéïk s’apprêtait pour aller dénicher un griffon d’écurie, lorsque la sonnette ayant retenti avec frénésie dans l’appartement silencieux, il ouvrit la porte et se trouva face à face avec une dame qui voulait parler d’urgence au lieutenant Lucas. À ses pieds se trouvaient deux grosses malles déposées par un commissionnaire. Chvéïk entrevit encore sa casquette rouge disparaissant dans l’escalier.

— Il n’est pas chez lui, fit sèchement Chvéïk.

Mais la jeune femme, sans se laisser décourager par cet accueil peu aimable, se faufila dans l’antichambre et ordonna catégoriquement à Chvéïk.

— Portez les malles dans la chambre à coucher.

— Sans ordre formel de mon lieutenant, c’est impossible, il m’a ordonné une fois pour toutes que je ne devais rien faire autrement.

— Vous êtes fou, s’écria la jeune femme, je viens en visite, moi.

— Mais moi, je l’ignore complètement, répondit Chvéïk ; mon lieutenant est de service aujourd’hui et il ne rentrera que tard dans la nuit. Le seul ordre que j’ai reçu, c’est de chercher un griffon d’écurie. C’est tout. Il n’a pas parlé de malles ni d’une dame. Je vais maintenant fermer à clef notre appartement et vous seriez bien aimable de vous en aller. Le lieutenant ne m’a pas annoncé votre visite et je ne peux pas confier l’appartement à une personne étrangère que je n’ai jamais vue. Une fois, le confiseur Belcicky, dans notre rue, avait laissé un homme tout seul dans l’arrière-boutique ;