Page:Hasek-Le brave soldat chveik,1948.djvu/256

Cette page n’a pas encore été corrigée

de ça, d’une andouille de St-Bernard. Et le griffon est plus intelligent que le fox-terrier. J’en ai connu un…

Le lieutenant Lucas regarda sa montre et interrompit la faconde de Chvéïk.

— Il est tard, il faut que j’aille me coucher. Je suis encore de service demain, ainsi vous aurez toute une journée pour vous enquérir d’un griffon d’écurie.

Chvéïk se coucha sur le canapé de la cuisine et se mit à feuilleter les journaux que le lieutenant avait apportés de la caserne.

— Tiens, se dit-il en parcourant les nouvelles aux en-têtes à gros caractères, le Sultan vient de décerner la Médaille de guerre à l’empereur Guillaume, et moi, je n’ai encore rien du tout, pas même la petite médaille d’argent.

Tout à coup il sauta à bas du canapé.

— Je n’y pensais plus, bon Dieu…

Il entra brusquement dans la chambre à coucher, réveilla le lieutenant qui dormait déjà profondément, et lui dit :

— Je vous déclare avec obéissance, mon lieutenant, que je n’ai reçu aucun ordre quant au chat.

Lucas, à moitié endormi, se tourna sur l’autre flanc en murmurant :

— Trois jours de chambrée.

Et il se rendormit.

Chvéïk retourna sans bruit à la cuisine, tira le malheureux chat de dessous le canapé et lui signifia :

— Tu as trois jours de chambrée. Abtreten ![1]

Insoucieux, le chat angora réintégra sa « chambrée » sous le canapé.


4.

  1. Rompez.