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bien élevé, qui ne serait pas insolent et qui ne jurerait pas tout le temps. Que devais-je faire ? Je n’avais pas ce perroquet et je ne savais pas où en trouver, mais j’avais un vieux bouledogue aveugle et plein de vice. Et alors, mon lieutenant, j’ai dû jaboter pendant trois heures pour lui coller le bouledogue à la place du perroquet. C’était plus difficile que résoudre une question diplomatique ; quand elle a ouvert la porte pour s’en aller, je lui ai dit : « Eh bien ! maintenant, vous verrez si les gosses sauront arracher la queue à celui-là ! » Depuis, j’ai jamais revu la vieille, mais j’ai appris qu’elle avait dû quitter Prague, parce que son bull avait mordu tous les gens de la maison qu’elle habitait. Croyez-moi, mon lieutenant, il est très difficile de se procurer une bête convenable.

— J’aime beaucoup les chiens, répondit Lucas, mes camarades qui avaient pris leurs chiens avec eux au front, m’ont écrit que la guerre en compagnie d’un brave chien, était bien plus supportable, parce qu’on avait de quoi tuer le temps. À ce que je vois, vous connaissez toutes les espèces de chiens, et je crois que si j’en avais un, vous le soigneriez bien. Quelle espèce, d’après vous, est préférable ? Je voudrais un chien qui puisse me tenir compagnie. J’ai eu déjà un griffon d’écurie, mais je ne sais pas…

— Je suis d’avis, mon lieutenant, que le griffon d’écurie est une espèce très recommandable. Il ne plaît pas à tout le monde, c’est vrai, parce qu’il a les poils hérissés et la moustache très dure de sorte qu’on dirait un forçat échappé de la prison. Il est si moche qu’il en devient beau, et très intelligent avec ça. Ne me parlez pas à côté