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que lui laissaient la caserne, le champ de manœuvres et les cartes.

L’éternel féminin était l’âme de son logis. Ce sont ses amies qui lui avaient créé un foyer paisible. Elles s’y étaient mises à plusieurs douzaines, et certaines d’entre elles s’étaient complu, durant le temps de leur séjour, à enrichir l’abri de leurs amours éphémères de mille objets utiles et agréables.

La tenancière d’un café, qui avait passé chez Lucas quinze jours au bout desquels son mari était venu la chercher, lui avait brodé un tapis de table ; elle avait aussi orné de gracieux monogrammes le linge de son hôte et elle était sur le point de commencer une tenture murale, quand son époux était venu mettre fin à l’idylle et à son activité.

Une demoiselle, que ses parents n’avaient repérée qu’après trois semaines, voulait changer en véritable boudoir la chambre à coucher du lieutenant, en disposant partout des vases et des bibelots et en installant un Ange gardien à la tête du lit.

Dans tous les coins de la chambre à coucher et de la salle à manger, on pouvait remarquer la trace d’une main féminine, dont la cuisine se ressentait aussi. On y voyait toute une batterie resplendissante, de la vaisselle plate, de l’argenterie, don d’une généreuse épouse de fabricant, qui avait prodigué au lieutenant ses faveurs ainsi que des machines à couper les légumes, des appareils à fabriquer du pâté de foie gras, des casseroles, des grils, des poêles, un moulin à café et bien d’autres choses encore.

La femme du fabricant est partie au bout d’une semaine,