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CHAPITRE XIV

CHVÉÏK ORDONNANCE DU LIEUTENANT LUCAS.

1.

Le bonheur de Chvéïk dura peu. La fatalité cruelle mit une brusque fin à son amical commerce avec le feldkurat. Si ce dernier jusqu’ici a pu mériter notre sympathie, le fait que nous allons relater est de nature à le faire bien déchoir à nos yeux.

En effet, le feldkurat vendit Chvéïk au lieutenant Lucas, ou, pour mieux dire, le perdit aux cartes – tout comme naguère encore, en Russie, on faisait les serfs. Cet accident survint d’une façon tout à fait inattendue. Ce fut lors d’une réunion d’officiers chez le lieutenant Lucas, où on jouait au « vingt et un ».

Le souverain maître des destinées de Chvéïk avait tout perdu et ne sachant plus avec quoi continuer le jeu, il s’enquit :

— Combien seriez-vous disposé à me prêter sur