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gamins couraient derrière le fiacre et, lorsque l’un d’eux s’accrochait à l’arrière-train, les autres signalaient au cocher cette charge supplémentaire.

Aux cris de ces garnements se mêlait le tintement de la sonnette, et le bruit du fouet que le cocher ne cessait de faire claquer. Dans la rue Vodickova, une concierge ayant rattrapé enfin la voiture qu’elle suivait au trot, et ayant récolté trois bénédictions, donna libre cours à son indignation, après avoir fait un signe de croix et craché par terre :

— Ils galopent leur bon Dieu comme tous les diables ! On attraperait facilement une fluxion de poitrine en leur courant après.

Le bruit de la sonnette irritait le cheval. Il devait susciter certainement chez cette bête de lointaines réminiscences, car elle rejetait à chaque instant la tête en arrière et faisait mine d’exécuter des pas de danse, au rythme du tintement.

Au bureau, le feldkurat se borna à régler le côté financier de son dérangement : il signifia au sergent-major que l’Intendance militaire lui devait cent cinquante couronnes pour le déplacement et pour l’huile bénite par l’évêque.

La réclamation du feldkurat donna lieu à une discussion très animée entre lui et le commandement de l’hôpital. À plusieurs reprises, le feldkurat frappa du poing sur la table, en criant : « Il ne faut pas vous imaginer, capitaine, que l’Extrême-Onction se donne gratis pro Deo ! Quand un officier de cavalerie est commandé pour un service dans les haras, il a droit à son indemnité et ce n’est que juste. Je regrette que vos deux blessés n’aient pas pu attendre leur Extrême-Onction. Mais