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à un hôpital voisin qu’un cas de folie subite était survenu dans son établissement. Le troisième, enfin, conseilla à Chvéïk la firme Polak dans la Dlouha Trida, maison fournissant spécialement des huiles, des couleurs et vernis.

Le renseignement était bon. La maison Polak ne laissait jamais partir un client bredouille. À celui qui demandait par exemple du baume de copaïva, ou donnait de la térébenthine, et tout était dit.

Lorsque Chvéïk exposa sa demande en stipulant qu’il lui fallait absolument de l’huile bénite, le patron enjoignit au commis :

— Donnez-lui dix décagrammes d’huile de chènevis, numéro trois, m’sieur Tauchen.

En enveloppant la petite bouteille dans du papier de soie, le commis dit à Chvéïk d’un ton professionnellement poli :

— C’est tout ce que nous avons de mieux dans cet article, première qualité, et, si vous avez plus tard besoin de pinceaux, de couleurs et vernis, vous trouverez tout ça chez nous. Vous serez certainement bien servi.

En attendant sa fidèle ordonnance, le feldkurat parcourait le catéchisme pour se remettre en tête ce qu’il avait jadis mal appris au séminaire. Il s’amusait beaucoup de certaines phrases d’une spirituelle précision, du genre de celle-ci : « Le terme d’Extrême-Onction doit son origine au fait que, dans la plupart des cas, elle est la dernière onction que les fidèles reçoivent de l’Église avant leur mort. » Ou bien : « L’Extrême-Onction peut être reçue par tout catholique qui est dangereusement malade et jouit de toute sa connaissance. » Ou encore : « Le malade doit recevoir l’Extrême-Onction –