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temps un jardinier qui aspirait à devenir frère lai. On lui a donné une soutane pour épargner son habit civil, et il a fallu qu’il achète un catéchisme pour apprendre comment on faisait le signe de la croix, quelle créature était indemne du péché originel, ce qui signifiait avoir la conscience pure, et bien d’autres babioles comme ça. Une fois qu’il a eu appris, il s’est mis à vendre des tomates en cachette, et, après que la moitié de la récolte y avait passé, il a dû quitter honteusement le couvent. Lorsque je l’ai revu, il m’a dit : « J’aurais bien pu vendre les tomates sans me fouler pour apprendre le catéchisme, tu sais ! »

Chvéïk alla acheter un catéchisme, et le feldkurat le feuilleta.

— Tiens, dit-il, l’Extrême-Onction ne peut être donnée que par un prêtre qui se sert seulement d’huile bénite par l’évêque. Vous voyez bien, Chvéïk, que par exemple, vous ne pourriez pas administrer ce sacrement. Lisez comment on s’y prend.

Chvéïk lut :

— Le prêtre oint avec l’huile bénite les principaux organes des sens, en faisant cette prière :

« Que par cette Sainte Onction et dans la miséricorde suprême du Seigneur te soient remis les péchés que tu as commis par les yeux, les oreilles, les narines, la bouche, les mains et les pieds. »

— Je voudrais bien savoir, Chvéïk, comment on peut commettre un péché par les mains. Est-ce que vous pourriez m’éclairer à ce sujet ?

— Mais des tas de péchés, monsieur l’aumônier ! par exemple, quand on introduit sa main dans une poche étrangère, ou bien, en dansant, car