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Il frappa si fort du poing sur la table que les bouteilles tressautèrent.

— Le bon Dieu est d’une nature sublime, quelqu’un de supra-terrestre. Il est très honnête dans ses affaires personnelles. C’est comme une apparition en plein soleil, personne n’est capable de me réfuter. J’honore aussi beaucoup saint Joseph et enfin tous les saints, sauf saint Sérapion, à cause de son nom qui ne me revient pas.

— Il n’a qu’à faire une demande au gouvernement pour pouvoir en porter un autre, suggéra Chvéïk.

— J’aime bien aussi sainte Loudmila et saint Bernard, continua l’enthousiaste, il a sauvé beaucoup de pèlerins sur le Saint-Gothard. Il porte au cou une gourde de cognac, et tout son plaisir est de rechercher des gens ensevelis sous la neige.

La conversation changea de sujet. L’apôtre s’exprimait avec désordre.

— J’honore les Innocents massacrés, ils ont leur fête le 28 décembre. Hérode, je le déteste. La poule qui dort tout le temps ne peut pas pondre d’œufs frais…

Il éclata de rire et se mit à chanter un chant d’Église.

S’interrompant pour s’adresser à Katz, il lui demanda d’un ton tranchant :

— Vous ne croyez pas que le 15 août c’est la fête de l’Assomption de la Sainte Vierge ?

La soirée battait son plein. Trois bouteilles de vin apparurent encore sur la table et, par moment, s’élevait la voix de Katz :

— Dis que tu ne crois plus en Dieu, ou tu n’auras plus de vin.