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y faire, à l’usage exclusif du patron, une conférence sur l’attentat à travers les âges. On le troubla au moment où il achevait l’analyse psychologique de l’attentat par cette phrase :

— L’idée de l’attentat est aussi simple que l’œuf de Christophe Colomb.

— Et aussi simple que Pankrac qui vous attend, lui dit à l’interrogatoire le commissaire de police pour compléter cette conclusion.

Le troisième « conspirateur » était président d’une société de bienfaisance, qui s’intitulait L’Ami du Bien et qui avait son siège à Hodkovicky. Le jour où la nouvelle de l’attentat y fut connue, une foule se pressait à une fête champêtre, rehaussée de concert, qu’avait organisée L’Ami du Bien. Un brigadier de gendarmerie était venu prier les assistants de se disperser, à cause du deuil qui venait de frapper la Monarchie autrichienne. Et le président, bon garçon, avait tout simplement dit au gendarme, en faisant signe à l’orchestre : « Attends une minute, vieux, qu’on ait fini Debout les Slaves ! »

Et maintenant il baissait la tête et se lamentait :

— Au mois d’août ma société aura de nouvelles élections et si, d’ici là, je ne suis pas rentré à la maison, il est possible que je ne sois plus réélu président. Je l’ai été dix fois de suite et, si, cette fois-ci, je rate le coup, je ne survivrai pas à ma honte.

Quant au quatrième individu, type loyal, de moralité parfaite, feu l’archiduc lui avait vraiment joué un mauvais tour. Pendant deux jours, le « conspirateur » s’était scrupuleusement gardé de parler de Ferdinand, mais, le soir du troisième jour, au café, en jouant aux cartes, il n’avait pas pu