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garde à la police et de ne pas être assez bête pour y reporter l’objet, il n’a voulu écouter personne. Au commissariat, on l’a très bien accueilli, en lui disant que la perte d’une bague de brillants y avait été déjà signalée, mais ils n’ont pas plus tôt examiné la pierre qu’ils l’ont attrapé : « Dites donc, vous, ce n’est pas un brillant, ça c’est du verre ! Combien avez-vous touché pour la pierre que vous avez enlevée, hein ? Des honnêtes gens comme ça, nous les connaissons bien, ce n’est pas encore vous qui nous la ferez. » À la fin, la chose s’est expliquée parce qu’il s’est amené là un autre type qui avait perdu une bague avec une pierre fausse, un bijou de famille, mais le tailleur a fait tout de même trois jours de prison pour outrages aux agents. Quand il en est sorti, il a reçu, comme récompense, dix pour cent de la valeur de cette camelote, c’est-à-dire une couronne vingt hellers, et il était si excité qu’il a jeté les deux pièces à la tête du monsieur à qui la bague appartenait. Alors, celui-ci a porté plainte pour injures et le tailleur a été encore condamné à dix couronnes d’amende. Après son histoire, il racontait dans tout le quartier que les gens assez bêtes pour rapporter un objet trouvé mériteraient vingt-cinq coups de trique sur les fesses, et qu’on tape dessus jusqu’à ce qu’ils deviennent tout noirs, et cela sur la place publique, pour que tout le monde en prenne bonne note et qu’il n’y ait pas de danger qu’on suive leur exemple. Je crois que celui qui aura trouvé notre tabernacle ne nous le rapportera pas, même s’il y voit le numéro de notre régiment, et peut-être bien à cause de ça, justement, pour n’avoir pas d’embêtement avec les militaires. Il le jettera certainement à l’eau. Hier