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le transbahuter tout le temps, enfin, vous verrez. En somme, tout ça, c’est une bonne farce. Vous n’avez pas le trac ?

— Je ne crains rien au monde, pas même quand je dois servir la messe.

Le feldkurat avait raison en disant que tout cela n’était pour lui qu’une bonne farce. Tout marcha comme par enchantement. Le discours du feldkurat fut très succinct.

— Soldats, dit-il, avant notre départ pour le front, nous nous rassemblons ici pour élever nos cœurs vers Dieu, pour le prier de nous donner la victoire et de nous garder sains et saufs. Je ne veux pas vous retenir plus longtemps et je vous souhaite très bonne chance.

— Repos ! commanda le vieux colonel.

Les messes de camp portent ce nom parce qu’elles sont régies par les mêmes lois que les opérations en campagne. Pendant la guerre de Trente ans elles se distinguaient par leur longue durée, sans doute en proportion avec la durée de la guerre.

D’accord avec la tactique contemporaine qui exige que les mouvements des armées soient prestes et rapides, les messes de camp doivent nécessairement obéir au même rythme.

Celle du feldkurat dura juste dix minutes. Les soldats les plus rapprochés de l’autel furent très étonnés de s’apercevoir que l’officiant sifflait.

Chvéïk mit beaucoup d’adresse à évoluer suivant les signaux convenus, passant de la gauche à la droite de l’autel, et ne disant autre chose que « Et cum spiritu tuo ».

Ces trémoussements évoquaient une danse indienne autour de la pierre du sacrifice. Ils eurent cependant