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— Tu comprends, dit Chvéïk au cocher, ça a l’air d’un travail à la va-comme-je-te-pousse, mais il y a tant de fourbis qu’on ne peut pas penser à tout.

Et il n’avait que trop raison, car, en arrivant au champ de manœuvres, au pied de l’estrade où devait se dresser l’autel, le feldkurat s’aperçut qu’il était dépourvu d’enfant de chœur…

Le feldkurat avait coutume de confier ces fonctions à un fantassin, téléphoniste du génie, mais celui-ci avait préféré aller au front.

— Ça ne fait rien, monsieur l’aumônier, lui dit Chvéïk, je peux bien le remplacer.

— Et est-ce que vous vous y connaissez au moins ?

— Non, monsieur l’aumônier, mais il faut toujours essayer tout. C’est la guerre et aujourd’hui des gens font certaines choses auxquelles ils n’auraient jamais pensé auparavant. Je ne suis pas assez bête pour ne pas savoir lâcher un et cum spiritu tuo en réponse de votre Dominus vobiscum. C’est pas si difficile que ça de tourner autour de vous comme un chat autour d’une assiette de purée chaude. Et je suis parfaitement capable de vous laver les mains et de vous verser du vin de la burette…

— Ça pourra aller, dit le feldkurat, mais je vous préviens qu’avec moi il faut mettre du vin aussi dans la burette à eau ; occupez-vous en tout de suite, voulez-vous ? Du reste, je vous ferai toujours signe de passer à droite ou à gauche, suivant que j’aurai besoin de vous. En sifflant, tout bas, bien entendu, – une fois, ça voudra dire « à droite », en sifflant deux fois ce sera « à gauche ». Quant au livre de messe, pas la peine de