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pu deviner ce que représentaient les images décorant les trois panneaux. Elles donnaient seulement l’impression de pouvoir servir aussi bien aux ministres de quelques cultes païens dans le Zambèze qu’aux Chamans des Bouriates et des Mongols.

Peint avec vulgarité, il ressemblait de loin à un de ces tableaux colorés dont se servent les médecins des compagnies de chemins de fer pour découvrir les employés daltonistes.

Une figure dominait, espèce d’être humain portant une auréole, nu et de couleur verdâtre comme le croupion de l’oie quand il est au premier degré de décomposition et commence à embaumer.

Flanqué de deux côtés par un personnage ailé censé représenter un ange, cet homme saint et nu ne supportait qu’avec horreur la compagnie que le peintre lui avait donnée, car les deux anges avaient l’aspect de dragons de contes de fées : c’était un ambigu de chat sauvage ailé et de bête d’Apocalypse.

Le deuxième panneau devait figurer la Sainte-Trinité. Pour la Colombe, le peintre ne risquait rien. Il avait simplement retracé un oiseau qui pouvait être une colombe tout aussi bien qu’une poule de la race de wyandottes blanches.

Mais, ce qui était propre à épouvanter, c’était Dieu le Père qui avait les traits d’un de ces sauvages brigands de l’Ouest qui sévissent dans les films américains.

Le Fils, tout au contraire, apparaissait jeune, allègre et bien portant, doué d’un embonpoint assez florissant et couvrant sa nudité d’une sorte de caleçon de bain. Il avait tout d’un sportsman. Il soutenait sa croix d’un geste d’une suprême élégance