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mourir que le moment où je dors enfin ! Et avec ça, ils oseront encore marchander.

Le représentant du bon Dieu auprès des civils catholiques de Verchovice et le représentant de Dieu ici-bas et auprès des autorités de l’armée se rencontrèrent dans l’antichambre.

En somme, la question se réduisait à un différend entre un civil et un militaire.

D’une part le curé affirmait que le dessous d’un canapé n’était pas un endroit où loger un autel de campagne, d’autre part le feldkurat opinait que la place d’un autel de ce genre était encore moins dans une église exclusivement fréquentée par des civils.

Chvéïk jugea nécessaire d’émettre quelques observations. Il trouvait par exemple qu’il était très facile pour une pauvre église de s’enrichir comme ça aux dépens de l’Intendance militaire. Il eut soin de prononcer le mot « pauvre » entre guillemets.

Ils se rendirent enfin à la sacristie et le curé restitua l’autel pliant contre ce reçu en règle :

« Je soussigné, déclare avoir reçu un autel de campagne, qui était arrivé par hasard dans l’église de Verchovice. »

L’aumônier militaire : Otto KATZ.


L’autel de campagne sortait des ateliers de la maison juive Moritz Mahler à Vienne, fabricante d’objets nécessaires à la messe et d’articles de piété, comme, par exemple, chapelets et images saintes.

Comme toute pompe de l’Église, cet autel, composé de trois parties, brillait d’oripeaux criards.

Sans se fier à son imagination, personne n’aurait