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il avait tenu sa découverte pour miraculeuse, un avertissement de Dieu. Il raconta qu’une voix intérieure l’avait incité à fouiller le canapé, voix qui lui disait : « Va et regarde ce qu’il y a dans le compartiment. » Ce songe lui aurait aussi montré un ange lui donnant cet ordre péremptoire : « Ouvre tout de suite le compartiment du canapé ! » Il lui avait obéi.

En y voyant l’autel à trois parties avec une voûte pour le tabernacle, le brave homme était tombé à genoux et dans une copieuse prière avait remercié le bon Dieu de lui faire connaître ainsi sa volonté d’embellir l’église de Verchovice.

— Tout ça, je m’en moque, répondit le feldkurat ; vous avez trouvé une chose qui ne vous appartenait pas : il fallait la porter au commissariat de police au lieu d’en faire cadeau à une sacrée sacristie.

— Avec votre miracle, ajouta Chvéïk, vous pouvez avoir pas mal de fil à retordre. Ce que vous avez acheté, c’est un canapé et pas un autel militaire. Fallait pas vous en laisser accroire par les anges. Vous me rappelez un type de Zhor qui, en labourant son champ, avait trouvé un calice qu’un voleur devait y avoir caché en attendant qu’on ait oublié son sacrilège. Ce type, qui était dans votre genre, avait reconnu aussi là-dedans le doigt de Dieu, et, au lieu de fondre le calice pour en vendre l’or, s’en est allé trouver le curé dans l’intention d’offrir l’objet à l’église. Bonne idée, mais le curé a eu ses soupçons et, prenant le type pour le voleur qui serait revenu poussé par des remords, il l’a dénoncé au maire, et le maire aux gendarmes. À la fin des fins, malgré son innocence, il a été condamné pour sacrilège, surtout