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des plus variés du règne animal et végétal.

— Il s’agira de se grouiller pour remettre la main sur notre autel de camp, dit Chvéïk ; il fait déjà jour. Je vais mettre mon uniforme et m’appliquer encore un grog.

Ils partirent enfin. En route, le feldkurat raconta à Chvéïk qu’il avait gagné la veille beaucoup d’argent aux cartes et que, si tout marchait bien, il pourrait bientôt dégager son piano du Mont-de-Piété.

Dans des moments comme celui-là, le feldkurat avait l’optimisme des païens toujours prêts à promettre des offrandes à leurs dieux, pour le cas où ceux-ci feraient réussir leur entreprise.

À moitié endormie, la femme du marchand de meubles leur donna l’adresse de l’instituteur, récent propriétaire du canapé. En récompense, le feldkurat fit preuve d’une prodigalité remarquable : il ne dédaigna pas de pincer la joue de la marchande et de la chatouiller sous le menton.

Tous deux partirent pour Verchovice, à pied, car le feldkurat avait déclaré qu’il voulait prendre un peu l’air, afin de changer ses idées.

Une légère surprise les attendait. L’instituteur ayant examiné le contenu du meuble le jour même où il l’avait acheté et y ayant découvert l’autel, avait cru à une manifestation de la volonté divine : en donateur généreux, il l’avait offert à l’église de Verchovice, le munissant de l’inscription suivante : « Don de François Kolarik, instituteur retraité, en l’an de grâce 1914, pour l’honneur et la plus grande gloire de Dieu. » Il resta donc perplexe devant la réclamation du feldkurat qui l’avait trouvé dans le plus intime négligé.

Les paroles de l’instituteur laissaient deviner qu’