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qu’il avait achetée, et que notre canapé était maintenant chez un instituteur à Varchovice. Ça nous fera toute une histoire, cet autel de camp. Ce que je propose, c’est de boire encore un grog et de nous mettre à sa recherche, parce que, à mon avis, il est impossible de dire une messe sans autel.

— C’est vrai, il nous faut absolument l’avoir ! dit le feldkurat d’un ton désespéré ; à part ça, tout est prêt au champ de manœuvres. On a déjà planté l’estrade. La monstrance, c’est le couvent de Brevnov qui doit nous la prêter. Pour ce qui est du calice, je dois avoir le mien, mais je ne sais plus ce qu’il est devenu.

Il réfléchit un instant et reprit :

— Supposons qu’il est perdu. Dans ce cas-là, je pourrais demander au lieutenant Witinger du soixante-quinzième de ligne sa fameuse coupe de sport. Dans le temps, il prenait part à des courses à pied et il a une fois gagné cette coupe comme premier prix offert par le Sport-Favori. C’était un champion comme on n’en voit pas tous les jours. Il a fait et d’ailleurs il s’en vante assez, les quarante kilomètres de trajet Vienne-Modling en une heure quarante-huit minutes. Je l’ai vu hier et c’est une affaire entendue entre nous, il me prête sa coupe qui fera un calice épatant. Il faut être un crétin comme moi pour remettre toujours à la dernière minute des préparatifs comme ça. Mais c’est bien fait pour moi. J’ai eu tort de ne pas ouvrir le compartiment du canapé avant de m’en séparer.

Sous l’influence de la recette du vieux cochon de matelot, expert en grogs, il se livra à un véritable examen de conscience, se décernant les titres