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vigoureusement à noyer dans leur sang les Slaves de la mer Baltique.

En Europe, les gens marchaient comme du bétail aux abattoirs où les conduisaient – dignes auxiliaires des empereurs bouchers, des rois et des généraux, – les prêtres de toutes les religions, qui leur donnaient leur bénédiction et leur faisaient jurer que « sur terre, sur mer, dans les airs, etc. »

Les messes du camp avaient toujours lieu en deux occasions spéciales : avant le départ des soldats pour le front, et, au front même avant la tuerie. Je me rappelle qu’au front, à une de ces messes, un aéroplane ennemi jeta une bombe juste sur l’aumônier, dont il ne subsista que des loques sanglantes.

Il passa aussitôt martyr, tandis que les aéroplanes autrichiens faisaient de leur mieux pour procurer cette même béatitude immortelle à des aumôniers de l’autre côté du front.

L’aventure de notre aumônier nous amusa beaucoup et sur la croix provisoire, plantée à l’endroit où reposaient ses restes, on put lire un matin l’épitaphe suivante :


Ce qui arrive à tous, t’est arrivé à toi
Qui promettais le ciel à ceux qui ne sont pas lâches.
Comme une tuile tombant du haut d’un toit,
La bombe t’écrasa ne laissant qu’une pauv’tache.


2.

Chvéïk prépara un grog qui « était un peu là » et