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d’aller les chercher quand vous aurez un petit moment. J’en aurai besoin en civil. Vous ferez aussi attention, s’il vous plaît, à mon costume dans l’armoire, que les mites ne me le bouffent pas. Vous direz aussi bonjour de ma part à ces demoiselles qui couchent dans mon lit.

Chvéïk dirigea ses pas vers le Calice. Lorsqu’elle l’aperçut, Mme Palivec déclara qu’elle ne lui servirait rien du tout, car il venait certainement de déserter.

— Mon mari, dit-elle en recommençant à débiter la vieille histoire, avait été si prudent, et le voilà en prison – et pour rien du tout, le pauvre homme ! Et dire qu’il y a des gens qui se promènent comme ils sortiraient de boire une bière et qui fichent le camp du régiment ! Vous savez que la semaine dernière, on a encore demandé après vous.

Plein d’intérêt, un vieux serrurier qui écoutait la conversation s’approcha de Chvéïk et lui souffla à l’oreille :

— Attendez-moi dehors ; j’ai quelque chose à vous dire.

Dans la rue, les deux hommes se comprirent tout de suite. Le serrurier s’obstinait à prendre au sérieux les paroles de Mme Palivec sur la désertion de Chvéïk.

Chvéïk protesta, mais en vain. Le serrurier lui confia que son fils avait déserté aussi et se cachait chez une tante à Jasena près de Josefov. Et il serra la main de Chvéïk en lui insinuant dans la paume un billet de vingt couronnes.