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— Dans la plupart des cas… Oui, tout va bien… En tout cas… Mais vous vous trompez, monsieur, c’est évident… Comment ! le deuxième étage… Mais c’est un prétexte qui ne tient pas debout… Remarquez bien, madame, qu’il ne s’agit nullement de moi… c’est plutôt pour vous, je suppose… Garçon, payez-vous… J’ai un café nature…

Dans son engourdissement, il se disputait avec un ennemi imaginaire en lui prouvant qu’il avait tort de lui contester le droit de s’asseoir près de la fenêtre. Ensuite, prenant le fiacre pour un compartiment de chemin de fer, il hurla dans la rue, en tchèque et en allemand : « Nymburk, on change de train ! »

Chvéïk le tirant en arrière, le feldkurat se résolut à imiter la voix de différents animaux. Il s’attarda surtout à faire le coq et son « kikeriki ! » triomphant retentit au loin.

Par moments, sa vivacité n’avait plus de bornes : Ne pouvant tenir en place, il essayait de passer par la fenêtre. Il insultait les passants en les traitant de vagabonds. Il jeta son mouchoir sur la chaussée et cria au cocher d’arrêter, prétendant qu’il avait perdu ses bagages. Puis, il raconta : « À Budejovice, il y avait dans le temps un tambour-major… Il s’est marié. Un an après il était déjà mort ». Il pouffa en ajoutant : « N’est-ce pas, que c’est drôle ? »

Pendant qu’il faisait tout cela, Chvéïk s’était conduit envers son officier sans le moindre égard.

À toutes les tentatives d’émancipation, il le ramenait impitoyablement à la réalité par des coups de poing dans les côtes. Le feldkurat s’y résignait avec une mansuétude extraordinaire.

Il ne se révolta qu’une seule fois en essayant de