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pour vous surveiller. Dans le service, on n’a pas d’amis.

Mais le feldkurat apparut sur le seuil :

— Pas moyen d’avoir la caserne, dit-il. Vous pouvez disposer, saligauds, mais retenez bien que dans le service il est interdit de se soûler. Filez, et au trot !

Disons, à l’honneur de M. le feldkurat, qu’il n’avait pas téléphoné à la caserne pour la bonne raison qu’il n’avait pas le téléphone chez lui, et qu’il avait tout simplement parlé dans le socle creux d’une lampe.


2.

Depuis trois jours que Chvéïk était au service du feldkurat Otto Katz, il ne l’avait vu qu’une seule fois ; le troisième jour il en eut alors des nouvelles par l’ordonnance du lieutenant Helmich, qui fit dire à Chvéïk de venir chercher son maître.

Pendant le trajet, l’ordonnance apprit à Chvéïk qu’après une dispute véhémente avec le lieutenant Helmich le feldkurat avait cassé le piano, qu’il restait avec une cuite effroyable et qu’il n’y avait pas moyen de l’avoir dehors ; que du reste, le lieutenant Helmich n’était pas moins soûl, qu’il avait jeté le feldkurat dans le corridor où ce dernier demeurait assis sur le sol, tout somnolent.

Chvéïk arrivé dans le corridor, secoua le feldkurat et, lorsque celui-ci ouvrit les yeux en grommelant, le salua et dit :