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de voix et un tintement de verres. Un soldat vint ouvrir la porte.

Wir… melden… gehorsam… Herr… Feldkurat, dit la perche d’une voix entrecoupée, en le saluant d’un geste vaguement militaire, ein… Paket… und ein Mann mitgebracht[1].

— Restez pas dehors, dit le soldat, d’où est-ce que vous vous amenez avec une cuite comme ça, bon Dieu ! C’est comme le feldkurat, tous les mêmes… Et il cracha.

Tandis que le soldat, qui avait débarrassé le pot à tabac du paquet de documents, s’en alla prévenir le feldkurat, le trio attendit dans l’antichambre. Le feldkurat ne se dérangea pas tout de suite, mais brusquement la porte de la chambre s’ouvrit comme sous une rafale. Il était en gilet et tenait d’une main un cigare.

— Comme ça, vous voilà ? dit-il à Chvéïk. Et on vous a escorté, pourquoi ?… Avez-vous des allumettes ?

— Je vous déclare avec obéissance, monsieur l’aumônier, que je n’en ai pas.

— Et pourquoi que vous n’en avez pas ? Un soldat doit toujours avoir des allumettes sur lui. Le soldat qui n’a pas d’allumettes… c’est un… quoi donc ?…

— C’est un soldat sans allumettes, monsieur l’aumônier, répondit Chvéïk.

— C’est ça, il est sans allumettes et ne peut donner de feu à personne. Premier point. Au second maintenant : Est-ce que vous ne puez pas des pieds ?

— Je vous déclare avec obéissance, monsieur l’aumônier, que non.

  1. Nous… déclarons… avec obéissance, M. l’Aumônier… apportons un paquet et un homme.