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— Il se peut évidemment, dit-il en continuant à prévoir l’avenir de l’Autriche, qu’en cas de guerre avec la Turquie les Allemands nous attaquent, parce que, les Allemands et les Turcs, c’est des alliés. Des salauds comme ça, on en trouverait peu dans le monde entier. Mais alors nous pourrons nous unir à la France qui, depuis 1870, en a soupé, des Allemands. Dans tous les cas, la guerre est sûre et certaine. Je ne vous dis que ça !

Bretschneider se leva et dit d’un ton solennel :

— Vous avez assez parlé, venez un peu avec moi dans le corridor, j’ai quelque chose à vous dire.

Chvéïk suivit docilement le détective dans le couloir où l’attendait une petite surprise. Son compagnon de chope lui montra un aiglon au revers de sa veste, en lui annonçant qu’il l’arrêtait et qu’il allait l’emmener à la Direction de la Police. Chvéïk tenta d’expliquer qu’il y avait certainement erreur de la part de Monsieur, qu’il était innocent, qu’il n’avait pas articulé une seule injure envers qui que ce soit.

Mais Bretschneider lui expliqua que son affaire était claire, qu’il avait commis plusieurs délits qualifiés, dont celui de haute trahison.

Ils rentrèrent dans la salle et Chvéïk déclara à M. Palivec :

— J’ai cinq demis et une saucisse avec du pain. Donne-moi encore un schnaps, que je te foute le camp. Je suis arrêté.

Bretschneider montra de nouveau son aiglon à M. Palivec et l’interrogea à son tour :